Daniel Soha, Écrivain
“Qu’ai-je gardé de la Hongrie, de cette première langue dont les sonorités, lorsque je les entends ou m’en gargouille le gosier, me plongent encore dans un sentiment de chaleureuse affection, d’intimité et de protection, qu’ai-je conservé de toutes ces mélopées, de cette nostalgie des gens du voyage qui m’ont engendré? Une ambiance, le souvenir presque illusoire d’une histoire que je n’ai jamais connue, un fil ténu qui me rattache encore à un monde qui n’existe plus, une petite étincelle de moi-même datant de l’aube des temps, trop faible pour jamais m’embraser, trop forte pour jamais s’éteindre.
Et puis j’ai appris à m’approprier cette incandescence, à colmater les brèches, à aimer mon unique solitude et à en faire ma fierté, alors ce que j’ai le mieux gardé de la Hongrie, c’est sans doute ce côté tzigane à la fois sauvage, mélodieux et sentimental qui s’inscrit en dehors des conventions de l’homme normal, cet irrépressible désir d’harmoniser mes cycles de rires et de sanglots par un langage autre : plus puissant, plus vibrant peut-être, et puis parfois figé dans un romantisme un peu désuet, imprégné du souffle grandiose des violons et des cascades cristallines du cymbalom qui avaient marqué la jeunesse de mon aïeul, avant la Grande Guerre.”
Né à Aix-en-Provence (France) de parents magyarophones, Daniel Soha a vécu et étudié en France jusqu’à l’âge de 24 ans. Il est titulaire d’une maîtrise d’études anglo-américaines obtenue à l’Université d’Aix-Marseille et d’un C.A.P.E.S. d’anglais. Dans le cadre de ses études, il a passé une année au nord de l’Angleterre, où il a développé une passion pour la culture et les dialectes des pays de langue anglaise.
Une fois ses deux diplômes obtenus, ce qu’il se plaît à appeler « une série d’événements heureux » l’a fait s’embarquer dans une carrière internationale en tant que diplomate, directeur d’organisations culturelles et de traducteur. Il a travaillé successivement pour l’Alliance Française, le gouvernement français, l’école française de Toronto, la Bibliothèque et Centre Culturel Français (Boston), les Nations Unies, et Morningstar, société chef de file de la recherche sur les produits financiers. En une vingtaine d’années, il a vécu successivement à New York, Paris, Singapour, Boston et Toronto. Il s’est récemment installé à London, Ontario, pour des raisons familiales. Il possède la double nationalité canadienne et française.
À part de nombreux articles, éditoriaux, critiques littéraires, et même des recettes de cuisine et une bande dessinée, ses ouvrages les plus importants comportent cinq romans, deux livres de nouvelles, un recueil d’articles, et les traductions de deux livres de poèmes du poète d’Oakville Thomas Scott.
Il a été finaliste à deux reprises du Prix Trillium pour ses romans La Maison (2009) et Le Manuscrit (2012). Il a également été deux fois lauréat du Prix Christine-Dumitriu-Van-Saanen, décerné par le Salon du Livre Français de Toronto, pour ses romans L’Orchidiable (2009) et Chroniques tziganes II (2018).
En 2015, il a été choisi comme participant au projet littéraire phare Les 24 Heures du Roman, où 24 auteurs francophones de renom se sont réunis pour participer à un voyage de 24 heures de Moncton à Toronto pour écrire 24 chapitres d’un ouvrage (publié sous le nom de Sur les Traces de Champlain) en célébration du 400e anniversaire de la découverte du Bas-Canada par Samuel de Champlain.
Vignettes, un recueil de nouvelles, est son premier livre en anglais.
Les Livres
En français:
Chroniques tziganes (Roman – Éditions du GREF, Toronto, 2004)
Amour à mort (Roman – GREF, Toronto, 2005)
Du Cœur au Ventre (recueil d’articles et éditoriaux – GREF, Toronto, 2007)
La Maison (Roman – GREF, Toronto, 2009) – Finaliste du Prix Trillium
L’Orchidiable (Roman – GREF, Toronto, 2009) – Lauréat du Prix CDVS
Le Manuscrit (Roman – GREF, Toronto 2012) – Finaliste du Prix Trillium
Chroniques tziganes II (Roman – GREF, Toronto, 2018) – Lauréat du Prix CDVS
En anglais:
Vignettes (Nouvelles – Mosaic Press, Oakville, 2023)
Traductions:
User’s Guide to a Blank Wall/Mode d’emploi pour un mur vide (Traductions de poèmes de Thomas Scott – GREF, Toronto, 2006).
Lauréat : Soirée de la Découverte au Toronto Art Bar
How Things Got Like This/Commment on en est arrivé là (Traductions de poèmes de Thomas Scott – GREF, Toronto, 2010)